jeudi 9 février 2017

Soirées "Milles lectures d'hiver"

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Soirée Ciclic à Saint-Lubin  Photo P. Nicolas
C’est la quatrième année que nous participons à "Mille lectures d'hiver" initiative culturelle unique en France, pilotée par la Région Centre.
Dans ce dispositif, un acteur vient chez vous, un samedi soir, et lit aux invités les extraits d’un roman qu’il a choisi.
Actrice Elise Bouchet  Photo P. Nicolas
Cette année, l’actrice Leslie Bouchet, a séduit son public en lisant avec brio le texte puissant et rythmé du roman "Des mots dans la bouche" de Violaine Schwartz.
Soirée Ciclic à Saint-Lubin  Photo P.Nicolas
La lecture débute vers 19h30 et dure environ une heure. Le débat qui s’ouvre ensuite se prolonge très agréablement autour d’un buffet auquel chaque invité participe.
Depuis quatre ans, nos invités dont le nombre atteint 20/23 personnes à chaque soirée plébiscitent cette initiative culturelle originale.


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vendredi 28 octobre 2016

Récit de voyage en Bulgarie

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Séjour au pays des Thraces du 28 juillet au 10 août 2016

Bulgarie. Monastère de Rila.  Photo P. Nicolas

Pour ce voyage, nous avons sollicité l'agence de voyage Balkania Tour. Leurs conseils judicieux nous ont permis d’établir un séjour sur mesure. Ils nous ont retenu les hébergements et fourni un dossier extrêmement précis sur le pays : informations pratiques, descriptif détaillé des lieux à visiter jalonnant notre parcours, ainsi qu'une traduction en français des mots cyrilliques les plus courants.
On nous attendait à l’aéroport de Sofia pour nous conduire à l’hôtel et une voiture avec le plein était à notre disposition devant l’hôtel le matin du départ pour notre circuit dans le pays. Nous pouvions contacter l'agence à tout moment pour obtenir des informations. 
Le jour du retour, quelqu'un nous a déposé à l’aéroport deux heures avant l’embarquement ce qui est largement suffisant pour un aéroport de cette taille. Nous avons beaucoup apprécié l'écoute et le professionnalisme de cette agence.


La Bulgarie en quelques chiffres :
   Surface : 110 910 km² soit un peu moins du quart de la France
   Population : 7 109 000 habitants
   Capitale : Sofia, 1 062 000 habitants, rassemble 17% de la population. Elle est située à 590 m d’altitude à l'ouest du pays
   Alphabet : cyrillique
   Monnaie : le lev = 0,511 € (un lev, des leva)
   Plovdiv : 2e ville du pays compte 332 000 habitants et se situe au centre
   Varna : 3e ville avec 307 900 habitants est une station balnéaire de la mer Noire
   Décalage horaire avec Paris : -1 h (12 h à Paris - 11 h à Sofia)





Jeudi 28 juillet

L’aéroport n’étant pas très grand, le chauffeur de l'agence nous repère vite. Aucun embouteillage ne le ralentit à l'entrée de Sofia et la circulation reste fluide en ville. Le trajet n'a duré que 20 minutes lorsqu'il nous dépose en plein centre ville à l’hôtel Saint-Georges, rue Knyaz Boris 1er.
Nous y dormirons les deux premières et les deux dernières nuits du séjour. Situé à 250 m du boulevard Vitosha, voie piétonne emblématique de la capitale, cet hôtel constitue un point de départ idéal pour découvrir, à pied, la plupart des monuments de la ville.


Sofia. Boulevard Vitosha  Photo P Nicolas
 Si Vitosha est bien aménagé, de nombreuses rues perpendiculaires sont si abîmées qu’il faut regarder où l’on pose les pieds pour ne pas se tordre les chevilles. Certaines rues sont en cours de réfection, d’autres, totalement achevées, ont un revêtement de petits pavés gris s’harmonisant bien avec les immeubles néo-baroques. Comme pour les rues, certains immeubles en piteux état, voire à l’abandon jouxtent des bâtisses neuves ou en restauration. 


Sofia Maison Néo-baroque  Photo B Nicolas
Sofia Maison Néo-baroque  Photo B Nicolas
Certains bâtiments néo-baroques ont belle allure. Le fort contraste entre décrépitude et flambant neuf me rappelle certains quartiers de Porto.

Après une promenade sur Vitosha nous dînons au restaurant HadziDraganovite izbi, 18 rue Hristo Belcev. Mentionné à la page 130 du guide vert, cet établissement se distingue par l’enseigne d’un petit chariot en bois peint. On y entre par un couloir décoré de vieux outils avant de déboucher sur la salle du restaurant que prolonge une large terrasse en arrière-cour. Celle-ci est bondée, mais nous trouvons une table libre. Ambiance animée, sympathique où touristes et autochtones se côtoient. 


Sofia. Restaurant Hadzi Draganovite
Photo B. Nicolas
À notre droite dînent deux très jeunes Allemands dont l’un s’apprête à déguster environ 500 g de viande de porc grillé présenté sur une planche de bois. J’ai lu que les plats sont toujours copieux en Bulgarie, mais là !...
Parmi la liste impressionnante de salades composées proposées au menu, ma femme choisit une sopska, salade omniprésente à Sofia, moi une brochette d’agneau. La salade étant servie au bout d’un moment et la brochette 20 minutes plus tard, elle a terminé son repas quand j’entame le mien. Cette pratique d’apporter les plats dès qu’ils sont prêts est courante en Bulgarie. Nous n’avons dîné qu’une seule fois en même temps durant ce séjour. Au restaurant, certains Bulgares choisissent un plat unique pour leur tablée. Est-ce pour s'assurer de dîner ensemble ou une tradition ?


Vendredi 29 juillet


Sofia. Boulevard Vitosha  Photo B Nicolas
Nous remontons le boulevard Vitosha, dépassons le palais de justice puis la cathédrale sainte Nedelja et empruntons le début du boulevard Maria Luisa qui débouche sur la vaste Place de l'Indépendance.


Sofia. Place de l'Indépendance  Photo P. Nicolas
Sofia Place de l'indépendance   Photo P. Nicolas
Là, des passages souterrains avec commerces donnent accès au métro et permettent de franchir sereinement l’immense carrefour. Sur le côté est de la place, deux immeubles staliniens, presque identiques se font face. Celui de droite abrite le palais présidentiel, le ministère de l’Éducation, le grand hôtel Sofia et le Casino. Celui d’en face, le conseil des ministres et le grand magasin CUM. Au fond  se profile un bâtiment d’allure assez pompeuse, l’ancien siège du comité central du parti communiste.
À l’époque soviétique, les boutiques du magasin CUM étaient exclusivement réservées aux étrangers. Qu’il soit toujours ouvert attise notre curiosité ; nous entrons dans un hall au pavage miroitant. À notre grande surprise il n'y a personne à l’intérieur, excepté un petit groupe de touristes. Les boutiques de luxe sont ouvertes, mais aucun client ne les fréquente.


Sofia. Magasin CUM  Photo  B. Nicolas
Tantôt assises, tantôt debout, les vendeuses désœuvrées m’évoquent des automates dans des vitrines. Quelle sensation étrange que d’arpenter ce lieu rutilant, mais vide, uniquement troublé par la présence de vigiles aux mines ennuyées et le grincement de l'escalator. En retrouvant l’animation du boulevard, j’ai l’impression de sortir d’un rêve.


L’un des passages souterrains de la place conduit aux ruines de la ville ancienne, Serdica


Sofia. Ruines de Serdica  Photo P. Nicolas


Sofia. Ruines de Serdica  Photo P. Nicolas


Sofia. Ruines de Serdica  Photo P. Nicolas
Un dôme transparent en recouvre en partie. Que le palais présidentiel et le bâtiment du Conseil des ministres soient construits juste au-dessus de la cité antique me frappe. J'y vois un symbole de continuité et serais curieux de savoir quelles réflexions cela suscite chez les membres du gouvernement travaillant quinze mètres plus haut.


Nous quittons la grande avenue Maria Luisa et prenons, à gauche, la rue piétonne Pirotska qui était, avant que Vitosha devienne piéton, la principale rue piétonne de Sofia. Détrônée, la rue a perdu de son éclat et son entretien est négligé. Néanmoins, il y règne une atmosphère particulière : le style des vitrines et des enseignes de magasins n’a pas bougé depuis les années 60. Idem pour le contenu de certaines vitrines, ce qui accentue la sensation de plongée  subite dans une époque révolue. Cette rue vaut le détour. Elle débouche sur la grande rue Stefan Stamboulov au bout de laquelle se tient le Marché des femmes consacré à la vente de fruits et légumes.


Sofia. Rue Stefan Stamboulov  Photo P Nicolas
Certains légumes comme certains fruits nous sont totalement inconnus, ce qui s'explique peut-être par la proximité de l’Asie. La première partie du marché est entièrement rénovée tandis que l’autre conserve son cachet ancien. Sur la rue Stamboulov, quelques femmes âgées tentent de vendre des objets usagés ou une maigre récolte : trois fleurs coupées trempant dans un verre, un bouquet de basilic. Je me demande de quelle retraite ces femmes disposent.


Sofia. Marché des Femmes Photo P. Nicolas

Sofia. Marché des Femmes Photo P. Nicolas

De retour Place de l’Indépendance, nous prenons un verre dans une halle entièrement rénovée. Quel contraste avec le marché! Dans la mezzanine, une rangée de boutiques neuves est quasiment inoccupée. 


Sofia. Halle Tsentraini  Photo B. Nicolas
Traversant la place de l’Indépendance, nous dépassons le Palais présidentiel puis l'ancien Palais royal. Le contraste entre l'architecture des deux bâtiments est saisissant. À celle, imposante et massive, du premier, répond l'élégance et le volume harmonieux du second.

Sofia. Palais présidentiel  Photo B.Nicolas

Sofia. Palais royal  Photo B.Nicolas
Plus grand qu’il n’y parait, le Palais royal abrite 2 musées et la galerie nationale des beaux-arts que nous visiterons en fin de séjour.


Dressée sur une vaste place pavée, en pente , on croirait la cathédrale Alexandre Nevski posée sur une piste d’envol pour aéronefs. 


Sofia. Cathédrale Alexandre Nevski   Photo P. Nicolas
Nous passons peu de temps à l’intérieur, mais restons plus de deux heures au musée de la crypte où est exposée la plus importante collection d’icônes d'Europe. Beaucoup sont remarquables. Quelques objets religieux complètent cette exposition. La qualité de certaines icônes nous séduits. 
Aujourd’hui, des écoles d’art bulgares proposent une formation aux techniques de l’icône et certains artistes contemporains revisitent cet héritage dans leurs créations. Ce lien intéressant entre passé et présent, que nous observerons à plusieurs reprises, tient certainement à l'histoire Bulgare. Lorsqu’un pays, passé sous la coupe d’autres puissances, a été si longtemps étouffé, culturellement, se réapproprier cette culture devient vital pour retrouver ses racines, rétablir son identité.


 En soirée nous tentons le restaurant Monastirska Magernika, au 67 rue Han Asparuh. On entre par une cour intérieure où des tables sont dressées sous les arbres. La rue est si calme que nous choisissons une table dans la cour. 


Sofia. Restaurant Monastirska  Photo B.Nicolas
Là aussi le service est assez long, mais je trouve la cuisine supérieure à celle de jeudi soir. Contrairement à ce qu’annonce le guide vert, la clientèle n’est pas du tout huppée et le prix du repas, moins cher que la veille. Au retour, nous nous laissons tenter par une petite balade nocturne sur Vitosha. Bien que cette voie piétonne bordée de terrasses de restaurants et de bars soit animée, il y règne une ambiance sereine des plus agréables. Comparée à Paris, Londres ou Barcelone, Sofia nous apparaît comme une cité extrêmement paisible.



Samedi 30 juillet

La voiture louée par l’agence nous attend à 9 h devant l’hôtel. Le chauffeur nous remet les papiers ainsi qu'un atlas récent et précis qui s’avérera indispensable, malgré le GPS. 

Circulation fluide, nous traversons Sofia sans difficulté. Une petite frayeur tout de même : les trams circulent au milieu des boulevards. Les voitures roulent donc de chaque côté et les arrêts de tram ne sont pas toujours délimités. Alors que je m’apprête à en dépasser un qui ralentit, celui-ci s’arrête, les passagers en jaillissent et traversent la route tout autour de notre voiture pour rejoindre le trottoir. Heureusement que je ne roulais pas vite. Les retardataires voulant l’emprunter accourent à travers les voies de circulation du boulevard et grimpent dedans. Nous voilà prévenus.

Atlas Balkanai-Tour Photo P. Nicolas

Nous sortons de Sofia, au sud-est, par la route n° 1 puis continuons sur la n° 6 en direction de Burgas, une ville du bord de la mer Noire. Beaucoup de Bulgares s'y rendent pour le weekend et il y a pas mal de circulation. Sur les bas-côtés, de nombreux agriculteurs vendent leur production de pastèques tomates, prunes. 
N’allant pas sur la côte, nous quittons cet axe après le bourg d’Anton et empruntons, à droite, une toute petite route de montagne. Étroite et très peu fréquentée, elle escalade Stara Planina (le massif du Balkan). Contrairement à la 6, il faut se méfier, par endroit, des trous dans le bitume. Mais le paysage est si agréable, si reposant. 

Après avoir franchi un col, nous descendons à Koprivshtitsa, village historique située à environ 1000 m d’altitude où nous passerons deux nuits. C'est de cet endroit qu'est parti le soulèvement contre l’occupant turc, le 20 avril 1876, pour gagner ensuite l'ensemble du pays.


Koprivshtisa  Photo P.Nicolas

Nous sommes frappés dans ce village par une série d’anachronismes : véhicules vétustes croisant des 4X4 neufs, tracteurs côtoyant charrettes à cheval qui transportent tantôt des produits agricoles tantôt des habitants, téléphone portable à l’oreille. 


Koprivshtisa  Photo P.Nicolas

Koprivshtisa  Photo P.Nicolas
Voir un peu partout les habitants rentrer du bois laisse supposer des hivers rudes. Je ne serais pas surpris qu'au cœur de l'hiver certains cols soient fermés par la neige et isolent des villages. Probablement pas Koprivshtitsa qui accueille des touristes pour les sports d’hiver.
La sexagénaire qui nous héberge a transformé une partie de sa maison en gîte qu’elle loue aussi bien en été qu’en hiver.


Koprivshtisa  Photo P.Nicolas
L’architecture de la maison est typique de la région. L'étage réservé à l'habitation est en bois tandis que le rez-de-chaussée est en pierre. Curieusement, des madriers de bois placés horizontalement entre les pierres divisent les murs en plusieurs parties.

Gîte de Koprivshtitsa  Photo P.Nicolas
Aujourd’hui, ces rez-de-chaussée sont également aménagés en habitation. (En Bulgarie, le mot rez-de-chaussée n’existe pas, il se nomme 1er étage) Une cour intérieure communique avec la rue par un grand portail surmonté d’un porche couvert de tuiles. 
Des annonces placardées sur les portails de nombreuses maisons nous intriguent. Il s’agit d’annonces de décès.

Annonce décès   Photo  P. Nicolas
Nous apprendrons, plus tard, que dans la tradition orthodoxe, une première annonce s’affiche sur la porte d'entrée immédiatement après qu'un décès ait touché une famille. Une seconde annonce avec la photo du disparu est affichée quelques mois plus tard pour raviver le souvenir et, au bout d’un certain temps, une troisième et dernière annonce, sans photo, est affichée.


Le soulèvement du 20 avril 1876 contre l'occupant turc étant parti de Koprivshtitsa avant de s'étendre à tout le pays, les maisons des leaders du mouvement sont transformées en musées. Elles mettent en scène la vie des héros autant que l’épopée du soulèvement. Plusieurs autres maisons-musées témoignent du mode de vie d’autrefois. 

Maison-musée de Koprivshtitsa  Photo B. Nicolas


Maison-musée de Koprivshtitsa  Photo B. Nicolas
Maison-musée de Koprivshtitsa  Photo B. Nicolas
Dans les pièces à vivre de l’étage, habitants et invités s’asseyaient sur des banquettes basses recouvertes de coussins, le long des murs. On voit peu de chaises.  La visite de ces maisons nous apprend beaucoup sur l’histoire du pays et la vie difficile pendant les mois d’isolement en hiver. Les murs en bois de la partie habitation se composent d'une double cloison qui conserve la chaleur. Sur la partie extérieure de ces cloisons, des panneaux aux couleurs vives sont parfois ajoutés sur tout ou partie de l’étage.

Koprivshtitsa  Photo P.Nicolas

Rentrés au gîte un repas traditionnel nous attend : courgettes poêlées avec sauce au yaourt en entrée, sarmis (feuilles de chou farcies avec de la viande, du riz et des épices) en plat principal et tranches de pastèque au dessert. J’ai bien aimé la finesse de goût des courgettes poêlées, j’ai apprécié, sans plus les Sarmis.


Dimanche 31 juillet

Petit déjeuner très copieux : café ou thé, œufs durs, fromage de type emmental, fromage cru, pain grillé et beurre, crêpes chaudes avec assortiment de confitures maison. Ainsi lestés nous partons visiter Trojan, le 3e monastère du pays. Cela implique de repasser le col au-dessus du bourg, puis de redescendre vers la nationale 6 et l’emprunter vers l’est avant d’attaquer, à gauche, une nouvelle petite route grimpant en lacets jusqu’à un autre col à 1500 m d’altitude. Beaucoup plus fréquentée que celle de Koprivshtitsa, cette route est aussi plus endommagée. De nombreuses portions présentent de profonds nids de poule. Nous voyons deux voitures immobilisées ayant l'une la roue crevée, l'autre, l'essieu cassé. 
La conduite de nombreux Bulgares est sidérante. Après deux jours de voiture, nous avons l’impression que seuls les étrangers respectent le Code de la route. Doubler en franchissant la ligne blanche, doubler alors qu’une voiture arrive en face et que chacun doit se serrer pour passer à trois est aussi courant que de se faire doubler à l’entrée d’un virage.


Bulgarie. Col de Trojan 1500 m  Photo P.Nicolas
Cette route de montagne en sous-bois est néanmoins superbe. Arrêt au col à 1525 m. Comme il ne pousse aucun arbre à cette altitude, le vaste panorama est superbe. En revanche, le monument érigé au point culminant pour commémorer la révolution bulgare de 1878 et la fin de la Seconde Guerre mondiale s’accorde moyennement avec le site. 


Bulgarie. Col de Trojan  Photo P. Nicolas


Depuis le col, des chemins de randonnée partent le long de prairies d’altitude dans lesquelles paissent troupeaux de vaches et de moutons. Une courte promenade nous fait découvrir de curieux tressages de branches en travers des pentes, est-ce pour retenir la neige, éviter de brusques coulées et réduire l'érosion ? 
Une roche claire affleure le chemin en plusieurs endroits, elle se détache en feuilles comme les roches sédimentaires. L’épaisseur du morceau que je ramasse ne dépasse pas 5 mm et me laisse des paillettes brillantes sur les doigts.


Bulgarie. Col de Trojan  Photo P. Nicolas
Bulgarie. Col de Trojan  Photo P. Nicolas

Photo P. Nicolas


La température frise les 40 ° lorsque nous arrivons au monastère de Trojan. L’entrée est gratuite. Les bâtiments sont construits autour de deux cours et l’église se situe dans la seconde cour. 


Monastère de Trojan  Photo P. Nicolas
Monastère de Trojan  Photo P. Nicolas
Les murs des bâtiments avec galeries ceinturant les cours sont chaulés, leurs toits en lauzes épaisses peuvent supporter une grosse quantité de neige. Bien que nous soyons dimanche et malgré le grand nombre de visiteurs, des ouvriers travaillent à la restauration de l’un des bâtiments. 


Monastère de Trojan  Photo P. Nicolas
Je vois une scène impensable en France : une camionnette bleue se faufile entre les touristes, traverse la seconde cour et manœuvre au milieu des visiteurs à hauteur du chantier délimité par une simple bande de plastique rouge et blanc. Ouvriers et visiteurs se croisent sans arrêt, tous semblent trouver cela normal. 

Eglise du monastère de Trojan  Photo P. Nicolas
Fresques de l'église du onastère de Trojan  Photo P. Nicolas
La galerie à arcades entourant l’église possède des fresques très expressives peintes par Zahari Zograf un artiste bulgare réputé à son époque. Je trouve celle du jugement dernier traité avec beaucoup de liberté. D’autres fresques existent à l’intérieur de l’église, malheureusement la pénombre du lieu empêche de les apprécier. De plus, des Bulgares, jeunes et vieux, forment une file d'attente pour se recueillir devant l’icône de la vierge à trois mains. Nous les voyons se positionner, l’un après l’autre, devant l’icône, prier puis poser leurs mains à plat sur la vitre de protection qu’ils embrassent avant de ressortir. Ne voulant pas les déranger en déambulant pendant leurs prière, nous ressortons. Deux popes se tiennent dans la galerie extérieure et des visiteurs quittent la file d'attente pour s’agenouiller devant eux. Leur conciliabule me fait penser à une confession, mais peut-être sollicitent-ils juste une bénédiction. Avant qu'ils se relèvent le pope couvre leurs épaules de son étole.


Monastère de Trojan  Photo B. Nicolas
La plupart des visiteurs achètent des poignées de cierges extrêmement fins qu’ils placent en bouquet sur des supports près des icônes. En Bulgarie, 80 % de la population est orthodoxe.



De retour à Koprivshtitsa, nous prenons un excellent café à l’une des terrasses de la place principale, Place du 20 avril 1876, en souvenir de la révolte débutée ici. La note de notre consommation atteint 80 centimes ! Ces prix bas nous surprendront durant tout le séjour. Le verre d'1/2 litre de bière coûte environ 2 €, même dans Sofia. 


Bulgarie Terrasse de café à Koprivshtitsa  Photo P.Nicolas

Tandis que nous prenons une douche avant le dîner, la bande-son d’un film des années 50 nous parvient par la fenêtre de la salle de bain : grincement d'attelages rentrant au bourg, résonance des sabots sur le bitume, tintement des grelots au cou des chevaux.



Lundi 1er août


Bulgarie. Maison de Koprivshtitsa  Photo P.Nicolas
Ciel dégagé, d’un bleu profond en quittant Koprivshtitsa ; la journée s’annonce aussi chaude que les précédentes. Après avoir rejoint la nationale 6, nous roulons plein est, vers Kazanlak, pour rejoindre la nationale 5 montant sur Shipka puis Veliko Tarnovo, notre prochaine étape. 
Sur la carte, une route secondaire toute droite évite Kazanlak et rejoint directement Shipka. Le raccourci est trop tentant pour ne pas le tenter. Malheureusement, au bout de quelques kilomètres, le bitume fait place à une piste de terre. Ignorant son état, nous faisons demi-tour.


Bulgarie  Photo P.Nicolas

Notre point de chute se situe 8 km à l'est de Véliko Tarnovo, dans le village d'Arbanasi. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, Arbanasi est considéré comme l’un des plus beaux villages de Bulgarie. Les Tsars en avaient d’ailleurs fait leur résidence d’été. 

La chaleur nous tombe sur les épaules au sortir de la voiture. Le thermomètre doit dépasser les 40 °, ce qui contraste avec la froideur du réceptionniste de l’hôtel. Mal à l’aise, réticent, le jeune homme nous fait une étrange impression. Est-ce que l’on dérange ?... Il nous conduit au bâtiment du parc dans lequel nous logerons sans proposer de porter l’un de nos bagages puis nous laisse en plan au bas de l’escalier. Nous montons et cherchons seuls notre chambre à l’étage.


Hôtel d'Arbanasi  Photo B. Nicolas
La décoration intérieure du bâtiment est rustique à l’excès. Au mur de notre chambre, un cadre en bois, mouluré à l'ancienneencadre même l’écran plat de la télé. 

Photo B.Nicolas
Les actualités parleront-elles des dernières conquêtes de l’Empire ottoman ? On y parle de la Turquie, mais celle d’Erdogan.


Situé au centre du village, l’hôtel dispose d’un parc arboré très bien entretenu, entièrement clos. Des tables en bois disposées sous les arbres donnent envie de s’y installer pour lire.


Bulbarie. Parc hôtel d'Arbanasi  Photo  P.Nicolas

Malgré une chaleur difficilement supportable, nous visitons le village. Ici aussi, les rez-de-chaussée en pierre des maisons sont surmontés d’un étage en bois. Cependant, les hauts murs entourant les propriétés donnent l’impression d’un village fermé, fortifié. Est-ce dû au fait que les tsars y résidaient ? Excepté une boutique de souvenirs et quelques bars, aucun magasin, aucune activité artisanale n'anime le bourg qui ne possède aucun distributeur de billets ! La plupart des maisons sont occupées par des hôtels-restaurants. 
Déambuler dans ces rues vides aux maisons restaurées à outrance nous procure la sensation de visiter une copie de village ancien. Ici, tout est neuf . Quel écart avec Koprivshtitsa qui possède un artisanat actif et des rues animées ! Leur pavage parfois inégal et quelques maisons vétustes lui confèrent charme et authenticité. En comparaison, Arbanasi n’a plus d’âme.

Enfin une émotion, l’église de la nativité


Arbanasi. Eglise de la nativité  Photo B. Nicolas

Arbanasi. Eglise de la nativité  Photo B. Nicolas
N’ayant pas de clocher, ce long bâtiment ressemble plus à une étable qu’à un lieu de culte. (Sous l’Empire ottoman, les églises devaient se faire discrètes) Cette église du XVIe siècle renferme, pourtant, un trésor.


Arbanasi. Fresques de l'église de la nativité  Photo B. Nicolas

Ses murs et ses voutes disparaissent sous de splendides fresques aux couleurs restées vives. Il y a tellement à découvrir (3500 personnages représentés) que nous restons un long moment à les contempler. Superbe !
Alors que la visite de Trojan, 3e monastère de Bulgarie, était gratuite, les lieux historiques d’Arbanasi sont payants : 6 leva par visite. Les visiter tous revient cher. Le fait qu’Arbanasi soit classé au patrimoine mondial de l’UNESCO explique sans doute cela.

À l’hôtel, le dîner est servi dans un restaurant de plein air. Certaines tables sont isolées sous des arbres, d’autres réparties sur une large pelouse. Dîner dans un tel cadre où la végétation absorbe le bruit des conversations est particulièrement agréable et reposant. 
Une fois encore le service est très long, mais la nourriture très correcte, et les serveurs sympathiques. 


Mardi 2 août

Le personnel achève juste de dresser les tables du restaurant de plein air à notre arrivée. Nous sommes les premiers à nous installer pour le petit déjeuner. 
Arbanasi. Restaurant de plein air  Photo B.Nicolas
Il fait beau, mais le ciel est légèrement voilé. La température est idéale pour déjeuner dehors.
Veliko Tarnovo ne se trouve qu’à quelques kilomètres d’Arbanasi. Capitale du Second Empire bulgare au 11e siècle, la ville conserve une riche empreinte de son passé. Carevec (prononcer Tsarevets) la citadelle des Tsars bulgares, était construite sur deux des trois collines de la ville. 


Veliko Tarnovo. Plan de la citadelle
Ceinturées par les méandres de la rivière Jantra, ces collines escarpées étaient faciles à défendre. Les archéologues y ont d'ailleurs trouvé des traces de présence humaine datant de 3000 ans av. J.C.
 Malgré les longues explications de la gardienne du parking, nous saisissons mal pourquoi elle établit 3 tickets de stationnement. Nous en aurons deux de plus en prolongeant le stationnement d'une heure. Les tickets sont superbes, de la taille d'une enveloppe pour format A4 avec une reproduction couleur d'une oeuvre d'art. La classe !


Tickets stationnement. Photo P. Nicolas
Veliko Tarnovo. Accès à la citadelle  Photo B. Nicolas

Nous accédons à la citadelle par un étroit promontoire rocheux équipé de deux portes fortifiées surplombant les méandres de la Jantra. Bien qu’en grande partie détruite, Carevec possède suffisamment de restes pour nous donner une idée de son importance lorsqu’elle recouvrait deux des trois collines de la ville.

Veliko Tarnovo. Accès à la citadelle  Photo P. Nicolas
Veliko Tarnovo. Accès à la citadelle  Photo P. Nicolas
Tandis que nous circulons au milieu des ruines, les fondations de ce qui devait être des logements nous paraissent bien étroites. Quelle était la vie des habitants de l’époque dans des maisons aussi petites ? La promiscuité qui en résultait devait imposer un mode de vie bien particulier aux habitants de la citadelle. L’église entièrement restaurée possède des fresques contemporaines évoquant l'histoire du lieu.

Veliko Tarnovo.  Citadelle  Photo B. Nicolas

Une fois ressortis, nous visitons le quartier de la ville surplombant la rivière Jantra où les maisons épousent de façon spectaculaire la pente abrupte du terrain. Certaines, bien restaurées, en côtoient d’autres à l’abandon. 

Veliko Tarnovo Photo B. Nicolas



Veliko Tarnovo Photo B. Nicolas


Veliko Tarnovo Photo B. Nicolas

À présent, il faut remonter. Si les escaliers étroits et tortueux entre les maisons constituent probablement des raccourcis, leur raideur nous décourage. Empruntant une ruelle totalement défoncée, mais grimpant progressivement, nous débouchons, en nage, sur l’arrière d’une galerie commerçante proche de notre stationnement. Une pause dans un bar est impérative et validée par un vote à la majorité absolue.



Mercredi 3 août

Après avoir circulé au centre du pays dans le massif du Balkan, nous allons descendre au sud en direction de Plovdiv, seconde ville du pays. Pour quitter ce massif, notre itinéraire franchit le col de Shipka. Nous sommes au mois d’août et c’est en août 1877 que s’est déroulée ici une bataille sanglante opposant les soldats bulgares et russes aux Ottomans, lesquels ont été battus. En contrebas du col, une église a été construite pour remercier les Russes de leur participation au combat, l'église de Shipka


Bulgarie. Eglise de Shipka  Photo P.. Nicolas


Bulgarie. Eglise de Shipka  Photo P.. Nicolas

Bulgarie. Eglise de Shipka  Photo P.. Nicolas
Surprenant édifice dressé en pleine nature dont les bulbes dorés se remarquent de loin et dont le décor aux couleurs vives, mais harmonieuses évoque un joyau dans un écrin de verdure.

La campagne est ensuite parsemée de petits tumulus. Il s’agit en fait de sépultures, chaque tumulus renferme un tombeau thrace. Nous visitons le plus important ou plutôt sa copie, car l’original situé à côté est fermé au public. 
Bulgarie. Copie de tumulus  Photo P. Nicolas
Bulgarie. Bâtiment abritant le tumulus original Photo P. Nicolas

Une fois à l’intérieur, nous sommes frappés par la qualité des fresques murales datées d’environ 2000 ans av. J.-C. La finesse des détails et l’expression des personnages dépassent certaines fresques romanes exécutées 2800 à 3000 ans plus tard au Xe et XIe siècle. Malheureusement, les photos sont interdites. La plupart des tumulus de la région ont été pillés, mais ceux, inviolés, ont livré de nombreux objets en or, finement ciselés.


 
Bulgarie. Vallée des roses  Photo B. Nicolas

Quittant le massif du Balkan nous descendons plein sud vers l'une des plus vieilles d'Europe, Plovdiv. Hésitant entre la nationale et une route secondaire nous appelons l’agence Balkania-tour qui nous conseille, en français, l’itinéraire secondaire, en parfait état. Très professionnel, notre interlocuteur nous fournit une multitude de détails pour nous repérer sur cet itinéraire. 


Bulgarie. Vallée des roses  Photo B. Nicolas

Si la route n° 64 est en bon état, les parties traversant les bourgs s’avèrent délicate. J’en déduis que son entretien est à la charge de chaque commune et que celles-ci ont peu de moyens. L’atlas routier remis par l’agence nous évite bien des erreurs, car la signalisation est quasi inexistante sur ces itinéraires secondaires. 

La 64 débouche sur un secteur très industriel au nord de Plovdiv. Suivant le GPS nous arrivons à ce qui doit être l’entrée du quartier historique où se trouve notre hôtel. Vu l’état des rues et des habitations alentour il y a forcément erreur. Tandis que ma femme se renseigne auprès d’un taxi arrêté plus loin, je vois arriver une femme âgée marchant lentement à côté d’un vélo qu’elle tient à deux mains. Quand elle passe devant la voiture, son visage parait si fatigué que je me demande si elle tiendrait debout sans l’appui du guidon. Je remarque, alors, une corde attachée à sa selle qui lui permet de traîner un énorme sac en toile plastifiée frottant sur les pavés. Ce sac est rempli de cartons, de bouteilles, de canettes, et autres objets de récupération qu’elle va probablement revendre. Épuisée, elle fait une courte pause puis repart. Voir une femme aussi âgée réduite à de telles tâches pour vivre me choque énormément. Les retraités bulgares touchent-ils tous une retraite ? Le chauffeur de taxi nous invite à le suivre. Il nous indique l’entrée de notre rue, juste au-dessus de ce quartier, et refuse qu’on lui paie le déplacement. Sympa! Notre rue grimpe l’une des six collines de la ville. Son pavage défoncé m’oblige à rouler en première. Coup de chance, il reste une place de stationnement à côté de l’hôtel qui porte le nom français « Belle Ville ». 


Plovdiv. Hôtel belle rive  Photo B. Nicolas

Les maisons de ce quartier historique se différencient nettement de celles rencontrées dans le massif du Balkan. Plus grandes, plus hautes, elles possèdent parfois trois étages. Les crépis colorés donnent belle allure à celles récemment restaurées. 


Plovdiv Quartier historique  Photo B. Nicolas
Plovdiv étant élue capitale de la culture, en 2019, d’importants travaux sont en cours, dont la restauration du pavage des rues de la vieille ville. J’en suis heureux, car nous devons souvent marcher tête baissée pour éviter les trous de certaines ruelles. 


Plovdiv. quartier historique  Photo B. Nicolas
Plovdiv. quartier historique  Photo B. Nicolas


Jeudi 4 août

Le petit déjeuner n’étant servi qu’à partir de 8 h 30, nous devons nous dépêcher, car la guide avec laquelle nous allons visiter Plovdiv attend déjà à l’accueil. 


Plovdiv Sommet colline quartier historique  Photo B. Nicolas

La soixantaine, ancienne prof de maths, elle parle couramment français et connait parfaitement l’histoire de sa ville. Le quartier historique occupe trois des six collines de la ville, elle nous conduit au point culminant de la plus haute colline et nous indique les restes de premières fortifications thraces mêlées à celles plus tardives des Romains. 


Plovdiv Sommet colline quartier historique  Photo B. Nicolas
Depuis ce point élevé, nous appréhendons mieux le plan complexe d'un urbanisme couvrant six collines. Nous pénétrons ensuite dans une cour intérieure privée pleine de charme puis visitons une maison bourgeoise typique. 
Au bas de la vieille ville, nous découvrons la mosquée et une extrémité du stade romain.
Plovdiv. Intérieur Mosquée.  Photo B. Nicolas
Plovdiv. Intérieur Mosquée.  Photo P. Nicolas


Plovdiv. Restes du stade romain  Photo B. Nicolas
Plovdiv. Rue Alexander 1er Photo B. Nicolas

Situé au-dessous du niveau actuel des rues, le stade occupait l’emplacement actuel de la rue piétonne Alexander 1er dans laquelle les immeubles témoignent d’influences architecturales diverses. Arrivés au milieu de cette rue, la guide nous entraîne au sous-sol d’un magasin. Là, une portion conservée du stade romain sert de fond de scène à un espace culturel où se produisent poètes et musiciens.


Plovdiv. Restes du stade romain Photo B. Nicolas


Plovdiv. Quartier historique  Photo  B. Nicolas
Plovdiv quartier historique  Photo B. Nicolas
Au cours de notre échange, la guide évoque la vie des habitants de Plovdiv sous l’occupation turque puis nous parle de son vécu sous le régime communiste. Il y avait si peu de biens de consommation dans les magasins déclare-t-elle qu’ils n'avaient d'autre choix que de mettre leur argent de côté. Leurs loisirs se limitaient à des soirées entre amis. Elle ajoute que son pays attend beaucoup de l’Europe, mais se dit déçue des promesses non tenues de Bruxelles. 

Plovdiv. Fortifications  Photo B. Nicolas
Plovdiv étant cependant élue capitale européenne de la culture pour 2019, des aides importantes accélèrent les restaurations de la cité historique.
En soirée, un spectacle gratuit se déroule à proximité de notre hôtel dans l’ancien théâtre romain. La pierre des gradins est encore chaude de soleil lorsque nous prenons place. Des danses folkloriques bulgares sont exécutées mais aussi serbes, grecques, macédonienne et roumaines. Très différents d'un pays à l'autre, les costumes traditionnels sont splendides.

Plovdiv. Théâtre romain  Photo P. Nicolas
Plovsiv. Spectacle folklorique au théâtre romain  Photo B. Nicolas
Plovdiv Troupe de danseur des Balkans Photo P. Nicolas



Vendredi 5 août

Soleil magnifique comme les jours précédents. Il fait déjà chaud lorsque nous quittons Plovdiv par l’ouest, en direction de Pazardzik. Arrivés à cette petite ville, nous poursuivons plein sud vers le massif des Rhodopes qui longe la frontière grecque.
Après avoir traversé Batak, nous empruntons tout de suite une petite route en cul-de-sac descendant au lac. 

Bulgarie. Lac de Batak  Photo B. Nicolas
Le paysage est si beau que nous sommes étonnés de ne rencontrer personne, excepté quelques pêcheurs. Après une petite ballade sur la rive, nous remontons à la route principale et continuons vers le sud. La route grimpe et devient tortueuse. Nous dépassons un second lac tout en longueur et piqueniquons dans les bois.


Bulgarie.  Photo B. Nicolas



Arrêt à Dolen, village en cours de réhabilitation. Bien que l’architecture soit intéressante, le village semble abandonné, nous ne rencontrons personne dans les rues. La plupart des maisons semblent inoccupées. 


Bulgarie. Dolen. Photo B. Nicolas


Bulgarie. Dolen. Photo P. Nicolas


Bulgarie. Dolen. Photo B. Nicolas
Paradoxalement, l’une, d’un délabrement extrême, semble pourtant habitée, car du linge sèche à la fenêtre. 
Le guide vert indique que de nombreux villages bulgares sont aujourd'hui abandonnés.



Bulgarie. Massif des Rhodopes  Photo B. Nicolas
 L’agence nous a retenu 2 nuits d’hôtel à Delchevo, village de montagne situé au-dessus de Goce Delcev, principale ville de cette région isolée des Rhodopes au sud du pays.
Après avoir traversé la ville et longé une rue au revêtement entièrement défoncé, nous trouvons la petite route montant à Delchevo. La montée est raide et si étroite que je prie le ciel de ne croiser personne.


Bulgarie. Hôtel de Delchevo  Photo  P. Nicolas
La route s’achève en cul-de-sac, 1 025 mètres plus haut, sur la place du village. Construit sur cette place à flanc de montagne, l’hôtel possède une large terrasse dominant la vallée. 
Une fois installés, nous découvrons le village. En dehors de la place, de nombreuses rues sont de simples chemins de terre ravinés par les intempéries. Un homme monte péniblement l'un de ces chemins en tirant un âne chargé de petit bois.


Bulgarie. Rue de Delchevo Photo P. Nicolas

Bulgarie. Delchevo  Photo P. Nicolas
Depuis l'une de ces ruelles, nous surplombons l'église orthodoxe. Debout dans le clocher, une femme frappe un long rouleau de bois à l'aide de deux cylindres également en bois. Le bruit résonne et signale aux habitants la fin de la journée. Puis elle fait sonner la cloche à plusieurs reprises. Nous la retrouvons à l'entrée de l'église qu'elle s'apprête à fermer. Voyant notre intérêt pour le bâtiment, elle nous autorise à entrer mais refuse que nous prenions des photos à l'intérieur. En revanche, elle accepte d'être prise en photo avec nous. Heureuse que des visiteurs s'intéressent à cette modeste église, elle embrasse chaleureusement ma femme avant de nous quitter.

Bulgarie. Clocher de Delchevo Photo P. Nicolas
Photo B. Nicolas

Nous dînons sur la terrasse de l'hôtel devant un paysage somptueux. Les toits de Goce Delcev se devinent loin en contrebas.

Bulgarie. Goce Delcev vu depuis Delchevo  Photo P. Nicolas
Dîner copieux, bien entendu. Le verre de vin rouge que nous nous partageons a un velouté agréable. Sa teneur en alcool doit atteindre une fois encore les 14 °. Il a une robe sombre, presque noire et possède une texture épaisse.
Petit ennui, une fois couchés. Les moteurs de la salle frigo du restaurant sont si bruyants qu’ils nous empêchent de dormir. Ils s’éteignent enfin à 0 h 30.


Samedi 6 août

Delchevo Terrasse hôtel Photo B.Nicolas
On nous a prévenus que le petit déjeuner n’était servi qu’à partir de 9 h. Est-ce dû au fait que ce soit le weekend ? Pas un chat au bar et aux cuisines à 9 h. Le personnel arrive enfin vers 9 h 30. Tous habitent en fait à Goce Delcev ; ils font les courses avant de monter au village, ce qui explique un tel décalage. 
Il est plus de 10 h lorsque nous redescendons dans la vallée. La raideur de la pente en lacets met ma femme mal à l’aise. Mais l’intérêt de descendre d'un cul-de-sac c’est qu’il y monte peu de monde. Ouf ! Nous voici en bas.


Bulgarie. Les Rhodopes  Photo P. Nicolas
Bulgarie. Roche friable des Rhodopes  Photo P. Nicolas
La veille, nous avions déjà observé la présence de roches friables en approchant du massif du Pirin. Aujourd’hui nous partons pour Melnik, à proximité de la frontière grecque. Bien que Melnik soit la plus petite ville de Bulgarie, elle attire de nombreux visiteurs pour ses Pyramides, un phénomène naturel se présentant sous forme de falaises à pic d'une roche claire extrêmement friable. En aout la rivière Melniska est à sec.


Bulgarire. Melnik . Photo P. Nicolas
Pyramides de Melnik Photo P. Nicolas

Poursuivant la route nous longeons les Pyramides jusqu'au monastère de Rozhen. Plusieurs blocs de roche tombés sur la route ont été repoussés sur un côté. L'érosion des falaises produit un sable fin qui recouvre les bas-côtés comme sur certaines routes en bord de plage sur l'atlantique.
Du monastère de Rozhen ou (Rojen) on aperçoit ces falaises de roche claire aux parois à pic, au-dessus des arbres. Certaines atteignent 100 m de haut.

Bulgarie. Pyramides de Melnik  Photo P. Nicolas

 Sympathique petit monastère dont la cour intérieure est en partie couverte d’une treille. Visiblement les bâtiments ont souffert, rien n’est très droit. La chapelle possède de belles fresques. 

Bulgarie. Monastère de Rozhen Photo P. Nicolas
Bulgarie. Fresque monastère Rozhen Photo B. Nicolas
Bulgarie. Monastère de Rozhen Photo P. Nicolas
Bulgarie. Monastère de Rozhen Photo P. Nicolas

Dans le réfectoire, la longueur de la table nous impressionne ; je ne serais pas surpris que 30 moines puissent y prendre place. Ce qui nous intrigue le plus, c'est son plateau entièrement creusé. 


Bulgarie. Monastère de Rozhen Photo P. Nicolas
Les moines ne mangeaient quand même pas directement dans cet immense écuelle ! revoir la photo me fait penser à une table de jeu. Les moines dirigeaient-ils un casino dans le plus grand secret ?... 
Des fresques qui recouvraient les murs du réfectoire il ne reste malheureusement presque rien.





Bulgarie Vignes de Melnik  Photo B. Nicolas

Le bourg médiéval de Melnik se situe au cœur d’une région viticole. La viticulture existe en Bulgarie depuis plus de 3000 ans. P
lusieurs provinces du pays cultivent la vigne. Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons à l’une des nombreuses exploitations viticoles de ce vignoble. 
Villa Melnik est une cave ultra moderne avec bar de dégustation, magasin présentant une production très diversifiée, des caves remarquablement entretenues. Impressionnant ! 


Ceve de Melnik
Il fait trop chaud pour déguster du vin, mais nous repartons avec quatre bouteilles dont une de shiroka l'un des plus vieux cépages du monde, cultivé à Melnik et introuvable hors de Bulgarie.


Vin  bulgare SHiroka  Photo P. Nicolas



Dimanche 7 août

En route pour le fameux monastère de Rila dans lequel nous coucherons ce soir. Le même temps splendide règne depuis notre arrivée il y a 11 jours. Je suppose que c'est habituel dans la région. 
Nous tournons en rond dans Goce Delcev à la recherche d'une route sortant au nord de la ville et voyons de grosses quantités de bois pour l'hiver devant plusieurs maisons. 
Bulgarie. Goce Delcev  Photo B. Nicolas
Bulgarie. Goce Delcev  Photo B. Nicolas
nous trouvons enfin la bonne sortie. La route n° 19 est pittoresque, très agréable et peu fréquentée. Elle longe la rivière Mesta puis le parc naturel du Pirin coiffé de sommets où s'accroche encore un peu de neige. 


Bulgarie. la Mesta  Photo B. Nicolas
Bulgarie. Massif du Pirin  Photo B. Nicolas

Alors que nous faisons halte dans un bourg pour acheter des fruits, nous découvrons une multitude d'avis de décès sur les murs du cimetière.

Au bout d’une cinquantaine de kilomètres cette route très agréable rejoint la nationale 1 qui remonte depuis la frontière grecque vers le nord et devient une autoroute jusqu’à Sofia. La Macédoine n'est qu'à une vingtaine de kilomètres à l'ouest.

Bulgarie Entrée d'un cimetière  Photo B. Nicolas

Bulgarie. Bords de la Nationale 1.  Photo B. Nicolas

Nous quittons la n° 1 au-dessus de Blagoevgrad et prenons une route de montagne s’achevant en cul-de-sac au monastère de Rila, site le plus visité de Bulgarie.
Les 20 derniers km nous réservent une surprise. La route est en travaux et nous avançons à 15-20 km/h entre voitures et cars de touristes roulant tous dans un brouillard de poussière.

L’aspect brut et rébarbatif des murailles extérieures du monastère ne permet pas, en arrivant, d’imaginer le raffinement des décorations intérieures ; une fois le porche franchi, la beauté du site nous séduit. Rien d'étonnant à ce qu'il soit classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.


Bulgarie. Monastère de Rila  Photo P. Nicolas

Bulgarie. Entrée du monastère de Rila  Photo B. Nicolas

Considéré comme le monastère le plus important du pays, Rila compte énormément pour le peuple Bulgare, car outre la beauté du site, on y professait largement les idées de libération nationale. De nombreux Bulgares se mêlent aux étrangers visitant ce lieu. 
Trouver le bon interlocuteur pour l’hébergement s’avère compliqué. Un moine arrive enfin et nous indique notre chambre à l’étage. Chaque étage est desservi par un large couloir extérieur sous arcades. 

Bulgarie. Monastère de Rila  Photo B. Nicolas

Bulgarie. Monastère de Rila  Photo P.Nicolas
Bulgarie. Chambre du monastère de Rila Photo B.Nicolas
Bulgarie. Chambre du monastère de Rila Photo B.Nicolas
La chambre est vaste. Une salle de bain minimaliste : w.c. lavabo, On se douche au centre de la pièce, l’eau s’écoule dans un regard. La pomme de douche est raccordée directement au robinet du lavabo. Dans la chambre, deux lits à une place plus deux autres derrière une cloison de bois. Nous avons donc beaucoup de place. Une fois installés, nous descendons visiter le monastère. 


Bulgarie. Eglise du monastère de Rila  Photo P. Nicolas
Bulgarie. Fresques église du monastère de Rila  Photo B. Nicolas
Bulgarie. Fresques église du monastère de Rila  Photo B. Nicolas
Les fresques de l’église sont admirables, l’architecture des bâtiments monastiques et ses décors peints, d’une grande élégance. Que l’on se sent bien ici ! Fondé vers 870 par Jean de Rila, saint patron de la Bulgarie, le monastère est vite soutenu par les souverains et se développe rapidement. Décoré par les plus grands artistes de l’époque, son rayonnement en fait un symbole pour toute la communauté orthodoxe.


Le monastère devient aussi un lieu de création artistique où travaillent des peintres, des sculpteurs, et quelques autres artistes. Il décline sous la domination ottomane, est pillé au milieu du XIIIe siècle puis renait et rayonne à nouveau.
 Après l’incendie du 13 janvier 1833, il est entièrement reconstruit et prend son aspect actuel. De son origine ne subsiste que la tour Hreljo, un donjon de défense en pierre brute se dressant à gauche de l’église.


Bulgarie. Tour Herljo  Photo B. Nicolas
Bulgarie. Monastère de Rila  Photo B. Nicolas
En soirée, la foule repartie, nous déambulons dans le monastère et nous imprégnons tranquillement du lieu. 
Un torrent coule en cascade sous nos fenêtres. Bien que nous y soyons peu habitués, son bruit régulier ponctuera notre sommeil.


Lundi 8 août.

Au matin, le soleil n’éclaire pas encore totalement la cour du monastère lorsque nous descendons de notre chambre.


Bulgarie Monastère de Rila  Photo P. Nicolas

Bulgarie Monastère de Rila  Photo P. Nicolas

Pas un touriste à l'horizon. Le silence impressionnant crée une atmosphère solennelle qui nous incite à marcher sans bruit. Nous admirons à nouveau l'intérieur de l’église, ses fresques extérieures, ainsi que les décors peints des différents bâtiments du monastère.


Bulgarie Monastère de Rila  Photo B. Nicolas
Bulgarie Monastère de Rila  Photo P. Nicolas
Bulgarie Monastère de Rila  Photo B. Nicolas
Bulgarie Monastère de Rila  Photo B. Nicolas

Quitter la quiétude d'un tel lieu pour se retrouver immédiatement dans les travaux de l'axe desservant le monastère est assez brutal. Interrompu dimanche le chantier a repris ce lundi matin et la voiture est bloquée à plusieurs reprises par des engins de chantier en manœuvre ou des camions déposant du matériel. Étale sur au moins 20 kilomètres, ce chantier  est énorme. La neige empêchant d’y travailler en hiver, plusieurs années seront nécessaires pour en voir le bout.


Bulgarie Travaux routiers  Photo B. Nicolas
Bulgarie Travaux routiers  Photo B. Nicolas

Le soleil se voile subitement à l’approche de Sofia. La documentation en notre possession juge incontournable de s’arrêter d’une part au Musée national d’histoire, d’autre part à l’église orthodoxe de Bojana, situés tous deux au pied du mont Vitosha au sud de la ville. 
L’église de Boyana possède des fresques du XIe et XIIIe siècle d’une exceptionnelle qualité classées au patrimoine mondial de l’UNESCO. Je m’attendais à un monument plus imposant que cette église minuscule. Le bâtiment conserve, en fait, les restes des trois églises construites successivement sur le site.


Bulgarie. Eglise de Boyana  Photo B. Nicolas
Bulgarie. Eglise de Boyana  Photo B. Nicolas
Une fois entrés par la partie la plus récente, nous n'accédons à la partie ancienne que par petits groupes et pour seulement quelques minutes afin de préserver les fresques. Magnifique ! J’ai l’impression de lire une bande dessinée composée d’une multitude de personnages. Le dessin est précis, détaillé, expressif, dommage qu’il faille ressortir aussi vite.
Si l’architecture de l’église ne justifie pas le détour, les fresques, en revanche, constituent un véritable trésor. 

Le Musée national d’Histoire affiche cette architecture massive, rébarbative et sans âme propre au style stalinien. L’immense entrée à double escalier est d’une froideur qui donne envie de fuir. Mais dans les salles aux plafonds parfois invraisemblables, sont exposées de remarquables collections. 
Sofia. Musée National d'histoire  Photo B. Nicolas
Sofia. Musée National d'histoire  Photo B. Nicolas


Celles-ci restituent parfaitement la richesse culturelle bulgare, du néolithique à nos jours. La partie consacrée aux Thraces est exceptionnelle. 
Nous contemplons à nouveau la façade en ressortant. Comment ce bâtiment pouvait-il être la demeure du 1er secrétaire du parti communiste bulgare ?




Mardi 9 août

Balade à travers Sofia jusqu’aux jardins bordant le boulevard Vasil Levski où une sculpture monumentale de style stalinien domine le paysage. Empruntant ensuite des petites rues nous rejoignons l’axe piéton Vitosha au bout duquel s’étend un parc que nous traversons pour visiter un Musée d'art contemporain. 
Sofia. Expo d'art contemporain  Photo B. Nicolas
Il s’agit en réalité d’un Musée de minéralogie ! Intéressant, mais rien à voir avec ce que nous recherchons qui s’avère introuvable. Nous visitons néanmoins une exposition temporaire d’art contemporain.


En début d’après-midi, nous gagnons l’ancien Palais royal. Ce bâtiment néo-baroque accueille deux musées et la galerie nationale des beaux-arts que nous visitons.


Sofia Galerie des beaux-arts  Photo B.Nicolas
Sofia Galerie des beaux-arts  Photo B.Nicolas
Sofia Galerie des beaux-arts  Photo B.Nicolas
Nous constatons une nouvelle fois combien les techniques de l’icône influencent les artistes contemporains. Galerie modeste, mais suffisamment intéressante pour nous satisfaire.

Tout près de la place de l’Indépendance, le bâtiment des anciens bains turcs vient d’être restauré. Construit en 1908 sur les ruines des thermes romains, il accueillera le musée de la ville. Décoré de céramiques aux couleurs vives, ce bâtiment est considéré comme l’un des plus beaux édifices de Sofia. 


Sofia. Bains turcs  Photo P. Nicolas

Sofia. Bains turcs  Photo P. Nicolas
Pour notre dernière soirée à Sofia, nous décidons de dîner dans un restaurant réputé installé dans un ancien théâtre s’ouvrant sur le fameux axe piéton Vitosha. Malheureusement, il fallait réserver, tout est pris. On nous fait asseoir sur une banquette du couloir tandis qu’un conciliabule s’établit entre deux serveuses. Accepterions une place à une table déjà réservée ? Pourquoi pas ?
Une serveuse nous fait entrer dans la salle de théâtre bondée qui conserve son décor d’origine et nous conduit entre les tables occupées. Au-dessus de nos têtes, nous apercevons des convives dînant aux mezzanines des étages supérieurs. Étonnant ! 


Sofia. Ancien théâtre aménagé en restaurant
Ceux qui avaient réservé arrivent également. Ils ne sont que deux et la table est suffisamment longue pour que nous ne les gênions pas. Repas excellent, service impeccable, personnel attentif et charmant. Nous ne pouvions pas trouver mieux pour clôturer notre séjour.






















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